Colloque international «Wege des Salzes – von den Lagerstätten zu den Märkten» à Hallstatt (A)

Du 20 au 22 avril 2023, l’Association Cum Grano Salis a participé au colloque sur «Les Routes du sel – des gisements aux marchés» organisé par la Gesellschaft zur Erforschung der Salzgeschichte au Rudolfsturm, sur la montagne salifère de Hallstatt, en Autriche.

Vue plongeante sur le lac et la ville de Hallstatt, situés dans le Salzkammergut, au sud de la Haute-Autriche, après une montée vertigineuse en funiculaire jusqu’à la «Tour de Rodolphe» – ainsi nommée en l’honneur du roi Rodolphe Ier de Habsbourg par son fils le duc Albert d’Autriche, qui la fit ériger en 1284 afin de défendre les lucratives mines de sel hallstattiennes.

Le 20 avril, suite aux discours de bienvenue d’Alexander Scheutz, maire de Hallstatt, et de Kurt Thomanek, directeur technique des Salines autrichiennes, le colloque est ouvert par le Dr. Franz Götzfried, membre du conseil d’administration du GES, et débute avec la présentation du Dr. Hans Reschreiter, responsable de la recherche minière préhistorique au Musée d’histoire naturelle de Vienne, sur le thème du transport de la saumure et du sel de Hallstatt.

Puis les organisateurs font visiter la mine moderne de Hallstatt, où les participants pénètrent sur un pittoresque «train» des mineurs. Au fond de la mine, une haveuse excave une galerie où des forages permettront d’extraire le sel emprisonné dans la roche par injection d’eau sous pression.

Après une descente de 400 mètres dans des «cages» qui permettent aux mineurs de rejoindre les galeries et d’y amener le matériel en pièces détachées, nous nous retrouvons au pied de la montagne salifère. Cette mine de sel emploie une quarantaine de personnes et livre quelque 1'000'000 de m3 de saumure.

Le 21 avril, après des conférences sur les thèmes du transport du bois ou du sel, de la rentabilité des salines des Habsbourg, ou de la production de sel en Ukraine, les participants explorent l’ancienne mine de sel de Hallstatt, creusée dès le 16e siècle avant J.-C. et ce jusqu’à 200 mètres de profondeur. L’exportation de son sel enrichira la civilisation dite «de Hallstatt» (1200-450 av. J.-C.), comme en témoignent les artefacts découverts dans près d’un millier de tombes exhumées à proximité de la mine.

D’énormes empilements de «torches» consumées témoignent du mode d’éclairage des mineurs de l’Age du Bronze, qui taillaient des bûchettes de pin pour en faire ce que l’on nomme en Valais des «brises» : les lamelles étaient séparées et allumées l’une après l’autre – peut-être par des enfants – pour éclairer l’aire de travail de chaque mineur !

Au sein de la mine, des répliques d’outils trouvés sur le site sont exposées. Les mineurs de l’Age du Fer détachaient des blocs de sel gemme pesant entre 12 et 100 kg en forme de «cœur», ce qui permettait de les transporter au moyen d’une courroie sur l’épaule, ou sur une perche tenue par deux personnes. Les lésions sur les vertèbres cervicales des squelettes témoignent de ce dur labeur.

Sous la conduite experte de Hans Reschreiter, les participants découvrent deux escaliers démontables en bois vieux de près de 3400 ans, permettant de franchir l’accumulation des déchets miniers, et dont les marches larges de 1 mètre 20 étaient destinées aux allées et venues des transporteurs de sel de l’Age du Bronze. Présenté au cœur de la mine, un film en réalité augmentée est consacré à l’utilisation de ces escaliers par les antiques travailleurs du sel.

Le 22 avril, l’Association Cum Grano Salis présente «Les "viæ salariæ" de la Suisse romande, des abbés aux faux-sauniers», entre des conférences sur les prospections dans les Alpes bernoises, le commerce du sel à Berne au 18e siècle, et le sel de Glauber. Le colloque se termine sur un repas au Bräu Gasthof, après une visite de la saline d’Ebensee, qui produit 1'200'000 tonnes de sel par année, dont 250'000 tonnes issues de la mine moderne de Hallstatt.